Question d'origine :
Bonjour,
Je me demandais, qu'en est-il de l'espace aujourd'hui ?
Qu'est ce que représente l'espace pour les pays ?
Car nous connaissons tous les premières avancées dans ce domaine, mais moins maintenant. Ça m'intéresse.
Merci beaucoup à vous d'avance. Ce site est très pertinent.
Réponse du Guichet
L'espace est un véritable enjeu et ce pour tous les pays.
Bonjour,
L’intérêt pour l’espace ne s’est pas amoindri si l’on en croit les régulières publications sur le sujet. Objet de rêve et de fantasme, il est aussi au « centre » de très nombreux enjeux : politique, économique, écologique, technologique …
Ainsi, dans Le Monde, en date du 4 janvier 2022 Olivier Rolland revient sur le fait que « L’exploration spatiale joue un rôle important dans la recherche de solutions durables » et mentionne à contre-courant du développement durable, le tourisme spatial développé par Richard Branson, ou la société d’Elon Musk, Spaxe X qui projette de « déployer une constellation de 42 000 minisatellites en orbite basse pour vendre un service d’Internet haut débit accessible aux quatre coins du monde ».
Il constate combien l’espace a été et est une source de progrès technologiques :
l’exploration spatiale a permis la découverte et le développement de nombreux progrès technologiques. Le recyclage, la purification de l’eau, la conservation des aliments ou encore les fermes verticales sont des avancées qui, initialement, ont été développées pour vivre et survivre plus longtemps dans l’espace, puis ont été valorisées sur Terre.
De même, les satellites météorologiques placés en orbite par l’industrie aérospatiale jouent depuis des décennies un rôle fondamental dans l’étude des changements climatiques, la compréhension et la préservation de l’environnement sur Terre
(…)
La station spatiale internationale (ISS) joue également un rôle important dans la recherche de solutions durables.
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Si les entreprises d’Elon Musk, Jeff Bezos ou Richard Branson se sont invitées dans la conquête spatiale, impulsant sans conteste un nouvel élan au développement de la technologie dans ce secteur, il n’en reste pas moins que la responsabilité des programmes spatiaux incombe aux Etats dont le rôle demeure primordial.
Le podcast science explique Pourquoi tout le monde devrait s'intéresser à l'exploration spatiale :
Des pays d’Europe ainsi que la Russie, le Japon et l’Inde ont mené des missions d’exploration de la Lune et ne comptent pas s’arrêter là. Développer des missions humaines durables sur la Lune fournira l’opportunité aux organisations spatiales internationales et aux entreprises commerciales de combiner leurs connaissances et expertise pour explorer entièrement la surface lunaire, et peut-être, en fin de compte, amener la Lune dans la sphère économique de la Terre. Le succès de la Station Spatiale Internationale montre à quel point ces partenariats peuvent être précieux.
(…)
L’exploration spatiale est un objectif international. Dans les années 60, aller sur la Lune était une compétition. Depuis lors, les programmes spatiaux internationaux se sont associés pour atteindre des buts communs, une tendance qui a été incarnée dans la construction de la Station Spatiale Internationale et la planification internationale pour l’exploration spatiale via la Global Exploration Roadmap (feuille de route). Depuis les années 60, les Etats-Unis et l’Europe ont lancé plus de 16 missions réussies vers Mars et travaillent sur plusieurs nouvelles missions. Le groupe international de coordination de l’exploration spatiale (ISECG) comprend 14 nations. La NASA a joué un rôle de premier plan dans les discussions avec pour objectif une mission vers Mars (d’ici 2030).
Par ailleurs, dans Le Figaro du 17 novembre 2021, Nicolas Barotte consacrait un article "L'espace, nouvel horizon de compétition et de conflit" dans lequel il soulignait combien l'espace était devenu un enjeu de puissance :
Mais la course pour la maîtrise de l'espace exoatmosphérique (au-delà de 100 km d'altitude) fait rage entre puissances. La supériorité opérationnelle se joue aussi à des centaines de kilomètres au-dessus du sol.
Si les États-Unis conservent une avance technologique réelle, leurs rivaux redoublent d'efforts. Le tir effectué par la Russie lundi contre l'un de ses satellites en est la dernière preuve (...) Les satellites d'observation permettent aussi de renforcer les systèmes d'alerte face à des tirs adverses. Enfin, les communications militaires reposent sur des moyens spatiaux. Dans les scénarios des états-majors envisageant de prochains conflits d'ampleur, la guerre dans l'espace occupe systématiquement une place centrale, qu'il s'agisse de déstabiliser un adversaire ou de le priver de capacités.
« Puisque l'espace exoatmosphérique s'ouvre à la technologie, il s'ouvre aussi à la compétition et à l'affrontement » , note un haut gradé. D'autant plus que les conflits dans l'espace se situent dans une « zone grise » où la définition d'un acte hostile est malaisée. La régulation y est aussi faible faute d'accord international. Le sujet est ancien. Un traité de 1967, du temps de la guerre froide, avait entériné le refus d'une « militarisation de l'espace ». Les armes, en premier lieu nucléaires, y sont toujours proscrites. Mais les développements technologiques ont bouleversé la donne. Rien n'empêche un tir venu du sol... À l'issue de son dernier sommet, l'Otan a indiqué pour la première fois qu'une attaque « depuis, contre ou dans l'espace » contre les intérêts alliés pourrait déclencher l'article 5 du traité, c'est-à-dire une riposte commune.
(...)
Depuis 2019, l'armée française s'est elle aussi dotée d'un commandement de l'espace. Il s'agit de rattraper son retard : après CSO, pour ses capacités optiques, ou Syracuse pour ses communications, plusieurs projets d'ampleur sont sur les rails. Le système GRAVE de surveillance spatiale devrait ainsi être amélioré en 2025 pour être en mesure de déceler un objet de la taille « d'une boîte de chaussures ». À partir de 2023, l'armée compte aussi renforcer ses moyens « de défense active » en procédant au lancement d'un démonstrateur « Yoda » capable d'accompagner, et donc protéger, un satellite en orbite, en prévision du système Ares prévu pour 2030. Les approches « inamicales » en orbite, grâce à des satellites capables de manoeuvrer, font partie des menaces les plus sérieuses pour les armées.
L'Agence Spatiale européenne illustre bien cet intérêt pour l'espace.
Pour reprendre la notice publiée sur wikipedia, il s'agit d'une " agence spatiale intergouvernementale fondée en 1975 coordonnant les projets spatiaux menés en commun par 22 pays européens" et dont l'objectif est « de fournir et de promouvoir, à des fins exclusivement pacifiques, la coopération entre les États européens en matière de recherche et de technologie spatiales et leurs applications spatiales, en vue de leur utilisation à des fins scientifiques et pour des systèmes d'applications spatiales opérationnelles »
Par ailleurs, le CNRS publie très fréquemment des articles relatifs aux nouvelles découvertes dont :
MAJIS, un spectro-imageur pour explorer Jupiter et ses lunes :
Fin août-début septembre 2022 partira justement la sonde JUICE (JUpiter ICy moons Explorer) de l’Agence spatiale européenne (ESA) qui va explorer le système de Jupiter. Ce sera la première fois que l’Europe s’aventure seule dans le système solaire externe. En développement depuis presque dix ans, l’ensemble des instruments de cette sonde sont donc en voie de finalisation. En avril 2023, l’Agence spatiale européenne (ESA) a lancé la mission spatiale Juice en direction de Jupiter et ses lunes glacées : Callisto, Ganymède, Io et Europe. Pourquoi cet intérêt pour des contrées d'abord si peu hospitalier ?
Mesurer les distances des galaxies dans l’Univers lointain :
À l’aide de l’observatoire NOEMA, les chercheurs du projet « z-GAL » ont voyagé à travers le temps en scrutant l’Univers lointain. Ils ont mesuré les distances précises de 135 galaxies situées à plus de 10 milliards d’années-lumière. En résultent des observations d’objets célestes exceptionnels et une meilleure compréhension de phénomènes physiques et cosmiques qui animent les âges de notre Univers.
Mission Euclid : Percer les mystères de l’Univers :
Le satellite Euclid, lancé le 1er juillet 2023, va tenter de percer les secrets de l’Univers en explorant la composition et l’évolution de l’Univers sombre. Pendant 6 ans, la mission Euclid de l’Agence spatiale européenne (ESA) à l’aide de son télescope spatial produira une carte de l’Univers à grande échelle à travers l’espace et le temps en observant des milliards de galaxies jusqu’à 10 milliards d’années-lumière, sur plus d’un tiers du ciel. Euclid éclaircira le phénomène de l’expansion de l’Univers et son accélération en essayant de décrypter le rôle de la gravité et la nature, encore inconnue à ce jour, des matières et énergies noires qui représentent plus de 95% de la masse et de l’énergie de notre Univers.
Chaque avancée, découverte ou nouvelle expédition fait l'objet d'une couverture médiatique impressionnante. Il en est ainsi du télescope James-Webb dont les images ont été abondamment relayées par la presse. Pour illustrer notre propos nous citerons quelques articles mais une consultation d'Europresse vous permettra de retrouver l'ensemble de cette couverture médiatique.
Camille Gévaudan, "James Webb ouvre les cieux", Libération, vendredi 24 décembre 2021.
Tristant Vey, "Télescope Webb : des larmes de joie pour le départ d'une mission unique", Le Figaro, Lundi 27 décembre 2021.
"La création vue par le James-Webb", Le Monde, mercredi 26 octobre 2022.
Monde
"La nébuleuse d’Orion vue par le télescope James-Webb", Le Monde, mercredi 28 décembre 2022
"Comment naissent les étoiles", Courrier international
"Au-delà du visible : le télescope James-Webb révèle 1 000 et un nouveaux mondes dans un spectaculaire entrelacs de gaz", Futura Sciences
Vous pouvez aussi jeter regarder les documentaires d'Arte consacrés à ce sujet.
Et que dire de la couverture médiatique dont Thomas Pesquet a fait l'objet !
En guise de conclusion, nous vous renvoyons vers toutes les questions posées au Guichet du Savoir sur l'espace et vous suggérons ces prochaines publications comme une illustration de l'engouement porté à l'espace :
Les planètes extrasolaires / Odile Guérin, Bruno Mauguin, à paraître le 17 janvier 2024 : "Depuis la fin de l'année 1995, la découverte de planètes extrasolaires invite à s'interroger sur la formation et la structure du système solaire, un système qui semble différent des autres systèmes planétaires découverts".
Les météorites, messagères de l'espace / Bernard Melguen, à paraître le 17 janvier 2024 : "Une étude sur les météorites, leur nature, leur origine et le danger qu'elles représentent. Ces fossiles galactiques fournissent des clés pour comprendre l'apparition du Soleil, de la vie sur Terre ou la disparition des dinosaures".
New Space, la nouvelle économie des activités spatiales : enjeux juridiques et éthiques / sous la direction de Sébastien Manciaux, Anne-Sylvie Courdier, à paraître le 27 décembre 2023.
Gagarine ou Le rêve russe de l'espace / Yves Gauthier, à paraître le 3 novembre 2023 : "un retour sur la vie de l'astronaute Youri Gagarine, depuis sa vie paysanne jusqu'à son voyage dans l'espace".
Retour sur la Lune : le prochain grand pas de l'humanité / Joseph Silk, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Audouze, à paraître le 26 octobre 2023 : Plus d'un demi-siècle après les premiers pas de Neil Armstrong en 1972, une nouvelle course vers la Lune est en cours et prend de l'ampleur. Si de puissants intérêts géopolitiques et commerciaux sont à l'origine de cette nouvelle compétition, les infrastructures lunaires ouvrent également des perspectives scientifiques d'ampleur. Un panorama de ces défis et de ces promesses.