Question d'origine :
Bonsoir,
En cette année du centenaire du début de la 1 ere guerre mondiale on parle beaucoup des "poilus" qui se sont battus en France mais très peu des autres théatres d'opérations et en particulier de la Turquie (Dardannelles); ou pourrais-je trouver des renseignements sur ces hommes dont faisait partie mon ARgrand-père cultivateur en Isère? Comment étaient -ils "choisis" pour partir là bas (son régiment s'est battu en France (cf le journal de marche du régiment)mais lui s'est retrouvé là bas jusqu'en 1919...
Bonnes recherches et merci de vos efforts à répondre à nos questions parfois naïves!!
Roland Vigny
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/11/2014 à 16h12
Bonjour,
« Si le soldat d’Orient est de nos jours si oublié, c’est qu’il n’a pas vu se forger autour de lui une légende, comme ce fut le cas en particulier pour le combattant de Verdun. Cette armée a gardé dans les mémoires le caractère marginal qu’ont les troupes engagées dans des opérations de diversion ; tel était son rôle dans l’esprit du gouvernement et du haut commandement. Partant, les soldats de l’armée d’Orient n’ont jamais bénéficié de la considération qu’ils méritaient, aussi bien de la part des civils que des autres combattants du front métropolitain. »
Extrait du chapitre Un front méconnu, le front d’Orient (1915-1918), de l’ Histoire militaire de la France. T. 3. Nous vous conseillons sa lecture car il ne décrit pas seulement les opérations mais aussi l’état d’esprit des soldats et présente un tableau clair des différentes divisions engagées dans les Dardanelles et les Balkans.
Pour des détails sur le front d’Orient, quelques titres :
François Cochet, « L’armée d’Orient, des expériences combattantes loin de Verdun », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 81 | 2010.
Dardanelles Orient-Levant 1915-1921 : ce que les combattants ont écrit
Rapport fait à la commission de l’armée sur l’Armée d’Orient, Debierre
Mon commandement en Orient, Général Sarrail, qui montre aussi la difficulté d’obtenir des troupes.
Un front oublié, le front d’Orient, un documentaire de François Borot
Quant aux critères de constitution de ces troupes, c’est plus difficile …
Quelques détails dans Les poilus d’Orient, Pierre Miquel, notamment :
« Les soldats français choisi par l’état-major pour l’expédition des Dardanelles étaient surtout des coloniaux : dans la brigade dite métropolitaine, on comptait un régiment, le « premier régiment de marche d’Afrique », formé par des bataillons des 3e et 4e des zouaves et des 1er et 2e régiments de la Légion étrangère […]. Un régiment seulement, le 175e, formé avec les jeunes recrues de la classe 15 dans les dépôts des 6e, 105e, et 140e d’infanterie venait de la métropole. La deuxième brigade était entièrement coloniale. Ses deux régiments associaient un bataillon européen d’infanterie coloniale et deux bataillons de Sénégalais. Ils prirent les noms de 4e et 6e régiments mixtes de marche. ». Voir la suite p. 25.
Ci-dessous, quelques liens et extraits qui suggèrent que les métropolitains présents aux Dardanelles étaient soit venus des régions Alsace-Lorraine (pour qu’ils n’aient pas à combattre les allemands), soit considérés comme des fortes-têtes et ainsi « éloignés », soit volontaires, soit aussi, comme le montre l’exemple des bretons, envoyés là-bas un peu par hasard selon les besoins en hommes :
- Français WW1 aux Dardanelles, Forum
- « Les lettres et carnets de route de Jean Leymonnerie ont été scrupuleusement restitués dans leur contexte par l’ethnologue Yves Pourcher qui ne s’est pas contenté de nous servir le manuscrit lissé par l’auteur au fil du temps ; mais a souhaité accéder aux documents originaux conservés par la famille, contraignant rétrospectivement Leymonnerie « à rester ce soldat de vingt ans qu’il avait été » (p. 14). Appelé par anticipation sous les drapeaux (classe 1915), Leymonnerie s’inscrit dans une stratégie classique d’évitement – tout lui est bon pour échapper au front ! – (volontariats les plus divers, pour le peloton d’élève-officier, pour la Cavalerie, l’Aviation, l’Orient, etc.). Ce dernier volontariat sera accepté et notre crypto-embusqué sera conduit par son mirage d’exotisme au Verdun des Dardanelles : aux ravins du Kévérès-Déré (15 juin au 8 août 1915). Après un séjour épuisant aux tranchées, malade de la dysenterie, il bénéficie d’une convalescence dans le sud de la France. Evacué de Salonique sur le « France II » il est hospitalisé à l’hôpital de Bandol en août-septembre 1915 ce qui lui permet de fréquenter pour ses consultations l’hôpital maritime de Saint-Mandrier. Toujours inscrit dans sa stratégie d’évitement et après moult pelotons et passages au dépôt du 175e qui ont dû lui valoir une solide réputation de tire-au-flanc et probablement lui coûter sa ficelle d’aspirant, Jean Leymonerie retourne, le 3 octobre 1916, à Salonique. »
Extrait de la recension du Journal d'un Poilu sur le front d'Orient, Jean Leymonnerie
- Sur le soldat Henri Rhein : « Incorporé au 371e RI, son baptême du feu a lieu près de chez lui, sur le front alsacien-vosgien, dans le terrible secteur du Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf, mai-sept. 1915). Mais le commandement préférant envoyer loin des lignes allemandes les soldats originaires des régions frontalières, sa campagne militaire se poursuit en Orient, à Salonique, où il est engagé notamment dans la bataille du Vardar (nov. 1915). » Archives de Vendée, lettres des tranchées
- "Cependant, au cours de la guerre, le besoin de reconstitution des unités décimées par les combats entraîne l’abandon progressif du caractère régional du recrutement, celui-ci s’opérant désormais à une échelle plus globale. Des Bretons se retrouvent ainsi de plus en plus dans des unités dépendant d’autres régions militaires et dont certains régiments sont, eux, envoyés en Orient. Venu du 137e régiment d’infanterie de Quimper, le 2e classe Sosthène Cornou, de la classe 1915, combat par exemple en Orient dans les rangs du 2e bis de Zouavese."
De la Bretagne et du front d’Orient pendant la première guerre mondiale
Sur le très riche forum Pages 14-18, la page Armée d’Orient 1916, évoque les mêmes questionnements et constatations sur les fréquents changements d’affectation de régiment.
La page Front d’Orient pose aussi la question du recrutement et propose de nombreuses explications.
Vous pouvez peut-être aussi contacter le Mémorial des poilus de l’Isère, qui propose aussi la page Corps expéditionnaire des Dardanelles.
Bonnes recherches !
« Si le soldat d’Orient est de nos jours si oublié, c’est qu’il n’a pas vu se forger autour de lui une légende, comme ce fut le cas en particulier pour le combattant de Verdun. Cette armée a gardé dans les mémoires le caractère marginal qu’ont les troupes engagées dans des opérations de diversion ; tel était son rôle dans l’esprit du gouvernement et du haut commandement. Partant, les soldats de l’armée d’Orient n’ont jamais bénéficié de la considération qu’ils méritaient, aussi bien de la part des civils que des autres combattants du front métropolitain. »
Extrait du chapitre Un front méconnu, le front d’Orient (1915-1918), de l’ Histoire militaire de la France. T. 3. Nous vous conseillons sa lecture car il ne décrit pas seulement les opérations mais aussi l’état d’esprit des soldats et présente un tableau clair des différentes divisions engagées dans les Dardanelles et les Balkans.
Pour des détails sur le front d’Orient, quelques titres :
François Cochet, « L’armée d’Orient, des expériences combattantes loin de Verdun », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 81 | 2010.
Dardanelles Orient-Levant 1915-1921 : ce que les combattants ont écrit
Rapport fait à la commission de l’armée sur l’Armée d’Orient, Debierre
Mon commandement en Orient, Général Sarrail, qui montre aussi la difficulté d’obtenir des troupes.
Un front oublié, le front d’Orient, un documentaire de François Borot
Quant aux critères de constitution de ces troupes, c’est plus difficile …
Quelques détails dans Les poilus d’Orient, Pierre Miquel, notamment :
« Les soldats français choisi par l’état-major pour l’expédition des Dardanelles étaient surtout des coloniaux : dans la brigade dite métropolitaine, on comptait un régiment, le « premier régiment de marche d’Afrique », formé par des bataillons des 3e et 4e des zouaves et des 1er et 2e régiments de la Légion étrangère […]. Un régiment seulement, le 175e, formé avec les jeunes recrues de la classe 15 dans les dépôts des 6e, 105e, et 140e d’infanterie venait de la métropole. La deuxième brigade était entièrement coloniale. Ses deux régiments associaient un bataillon européen d’infanterie coloniale et deux bataillons de Sénégalais. Ils prirent les noms de 4e et 6e régiments mixtes de marche. ». Voir la suite p. 25.
Ci-dessous, quelques liens et extraits qui suggèrent que les métropolitains présents aux Dardanelles étaient soit venus des régions Alsace-Lorraine (pour qu’ils n’aient pas à combattre les allemands), soit considérés comme des fortes-têtes et ainsi « éloignés », soit volontaires, soit aussi, comme le montre l’exemple des bretons, envoyés là-bas un peu par hasard selon les besoins en hommes :
- Français WW1 aux Dardanelles, Forum
- « Les lettres et carnets de route de Jean Leymonnerie ont été scrupuleusement restitués dans leur contexte par l’ethnologue Yves Pourcher qui ne s’est pas contenté de nous servir le manuscrit lissé par l’auteur au fil du temps ; mais a souhaité accéder aux documents originaux conservés par la famille, contraignant rétrospectivement Leymonnerie « à rester ce soldat de vingt ans qu’il avait été » (p. 14). Appelé par anticipation sous les drapeaux (classe 1915), Leymonnerie s’inscrit dans une stratégie classique d’évitement – tout lui est bon pour échapper au front ! – (volontariats les plus divers, pour le peloton d’élève-officier, pour la Cavalerie, l’Aviation, l’Orient, etc.). Ce dernier volontariat sera accepté et notre crypto-embusqué sera conduit par son mirage d’exotisme au Verdun des Dardanelles : aux ravins du Kévérès-Déré (15 juin au 8 août 1915). Après un séjour épuisant aux tranchées, malade de la dysenterie, il bénéficie d’une convalescence dans le sud de la France. Evacué de Salonique sur le « France II » il est hospitalisé à l’hôpital de Bandol en août-septembre 1915 ce qui lui permet de fréquenter pour ses consultations l’hôpital maritime de Saint-Mandrier. Toujours inscrit dans sa stratégie d’évitement et après moult pelotons et passages au dépôt du 175e qui ont dû lui valoir une solide réputation de tire-au-flanc et probablement lui coûter sa ficelle d’aspirant, Jean Leymonerie retourne, le 3 octobre 1916, à Salonique. »
Extrait de la recension du Journal d'un Poilu sur le front d'Orient, Jean Leymonnerie
- Sur le soldat Henri Rhein : « Incorporé au 371e RI, son baptême du feu a lieu près de chez lui, sur le front alsacien-vosgien, dans le terrible secteur du Vieil-Armand (Hartmannswillerkopf, mai-sept. 1915). Mais le commandement préférant envoyer loin des lignes allemandes les soldats originaires des régions frontalières, sa campagne militaire se poursuit en Orient, à Salonique, où il est engagé notamment dans la bataille du Vardar (nov. 1915). » Archives de Vendée, lettres des tranchées
- "Cependant, au cours de la guerre, le besoin de reconstitution des unités décimées par les combats entraîne l’abandon progressif du caractère régional du recrutement, celui-ci s’opérant désormais à une échelle plus globale. Des Bretons se retrouvent ainsi de plus en plus dans des unités dépendant d’autres régions militaires et dont certains régiments sont, eux, envoyés en Orient. Venu du 137e régiment d’infanterie de Quimper, le 2e classe Sosthène Cornou, de la classe 1915, combat par exemple en Orient dans les rangs du 2e bis de Zouavese."
De la Bretagne et du front d’Orient pendant la première guerre mondiale
Sur le très riche forum Pages 14-18, la page Armée d’Orient 1916, évoque les mêmes questionnements et constatations sur les fréquents changements d’affectation de régiment.
La page Front d’Orient pose aussi la question du recrutement et propose de nombreuses explications.
Vous pouvez peut-être aussi contacter le Mémorial des poilus de l’Isère, qui propose aussi la page Corps expéditionnaire des Dardanelles.
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