Question d'origine :
Bonjour le guichet, Je me pose une question préhistorique. Nous nous déplaçons aisément d'un point A à un point B, grâce aux routes, aux chemins, etc. Comment nos très vieux ancêtres - toumaï, habilis, néandertal et sapiens... se déplaçaient-ils ? Y - avait-il déjà des chemins naturels du fait de la géologie ou du passage des animaux voire de l'action des hommes ? À quoi ressemblaient ces premières routes ? En a-t-on des traces ? Je vous remercie,
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 30/06/2021 à 16h08
Bonjour,
Ce sont probablement les sentiers exploitant les formes naturelles de relief qui ont été les premières voies de communication terrestre. Ils commencent à se former au Néolithique, dernière période de la Préhistoire (env. 9000 av. J-C à 3300 av. J-C), lorsque la sédentarisation se met en place et les hommes éprouvent le besoin de construire des villages et les relier avec les lieux d’élevage ou de culture.
Le Paléolithique supérieur se caractérise par des routes commerciales étendues. Les communautés humaines, quoique séparées par de grandes distances, ont pu maintenir des interactions entre elles. Le Paléolithique supérieur précoce est surtout connu pour ses modes de vie très mobiles, comme le démontrent les études menées sur les sites habités par les groupes gravettiens, analysés en Italie, en Moravie et en Ukraine. Ces populations s'approvisionnaient souvent à plus de 200 km en matières premières.
A la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 21 000 ans, les densités de population ont dû augmenter considérablement en raison du rétrécissement des périmètres habitables, obligeant les hommes à créer des économies plus « locales ». La diminution des terres a probablement provoqué l’augmentation des distances à parcourir, les refuges habitables étaient alors rares et très éloignés les uns des autres. Bien qu’il soit plus économique d’échanger sur place, tendance confirmée pendant la sédentarisation au Mésolithique, quelques preuves d’existence de routes magdaléniennes longue distance ont traversé le temps. La présence de bijoux conçus à partir de coquillages méditerranéens et atlantiques à l’intérieur des terres, bien au-delà du littoral, amène les archéologues à penser qu’un réseau d’échanges s’était formé sur les territoires français, allemands et suisses le long des fleuves comme le Rhin et le Rhône, il y a environ 12 à 14 000 ans. A côté des pistes terrestres, les voies fluviales et maritimes ont contribué au développement du commerce au Néolithique.
Un ouvrage collectif consacré à cette période de la Préhistoire, « Le Néolithique en Europe », accorde une attention particulière au développement des transports sur le Vieux Continent. Les auteurs mentionnent l’introduction de la roue et du char comme étant à l’origine des changements révolutionnaires dans le domaine des transports. Les plus anciennes roues en bois ont été retrouvées dans les tourbières danoises, au centre de la péninsule, dans les environs de Herning. Elles appartiennent probablement à la culture des gobelets à col en entonnoir (dite aussi
culture des vases à entonnoir) du 4e millénaire avant J.-C. Des découvertes semblables ont été faites aux Pays-Bas et en Allemagne. Si leur datation reste incertaine, il s’agissait d’objets de la fin du Néolithique, vraisemblablement de vestiges de chars à deux roues. Sur un vase mis au jour en Pologne méridionale, figure un décor montrant trois chars au milieu d’éléments aquatiques et végétaux. L’objet est daté entre 3635 et 3370 avant J.-C., ce qui le rendrait plus ancien que les premiers modèles de chars connus au Proche-Orient.
Si les bovidés semblent avoir été la première force motrice utilisée, l’apparition de véhicules coïncide avec les premières traces de routes aménagées. Ainsi, à Flintbek, dans le Nord de l’Allemagne, les archéologues ont découvert une chaussée composée de troncs d’arbres sous un tumulus mégalithique relevant de cette même culture des gobelets à col en entonnoir. Aux Nord-Est des Pays-Bas, près d’Emmen, une voie datée du 3e millénaire avant J.-C., préservée sur près d’un kilomètre, était constituée de 3900 troncs d’arbres de trois espèces : de chênes, d’aulnes et de bouleaux. Cette quantité de matériaux correspond à un déboisement que l’on peut estimer de 40 à 70 ha. Nul doute que la création d’un réseau routier aménagé devait avoir pour conséquence des défrichements plus importants que ceux nécessaires à la construction de villages aux maisons de bois.
Pour aller plus loin :
Le film documentaire de Rob Hope, intitulé « Ridgeway : objectif Stonehenge » qui parcourt un chemin préhistorique, la route de silex, au Sud de la Grande Bretagne, long de plus de 400 km, datant de la période Néolithique ;
Dans le chapitre intitulé « Artisans et voyageurs à l‘époque du bronze » in « La Préhistoire pour les nuls », le chercheur Gilles Gaucher évoque les itinéraires liés à la fabrication et la diffusion de différentes matières et objets. L’auteur y consacre quelques lignes aux routes de l’ambre et aux transports dans l’Ouest de l’Europe ;
« La seconde naissance de l’homme. Le Néolithique » de Jean Guilaine inclut un chapitre sur les navigations maritimes ;
Un article assez ancien sur l’origine préhistorique d’une route romaine, celle de Bavay (Hauts-de-France) de M. Dessailly, « Les chaussées préhistoriques romaines n’ont-elles pas une origine préhistorique ? » in "Bulletin de la Société préhistorique française", année 1921, 18-7, p. 156-162 ;
Enfin, c’est peut-être aussi l’occasion d’évoquer une question sur les ponts préhistoriques déjà traitée par le Guichet du savoir.
Ce sont probablement les sentiers exploitant les formes naturelles de relief qui ont été les premières voies de communication terrestre. Ils commencent à se former au Néolithique, dernière période de la Préhistoire (env. 9000 av. J-C à 3300 av. J-C), lorsque la sédentarisation se met en place et les hommes éprouvent le besoin de construire des villages et les relier avec les lieux d’élevage ou de culture.
Le Paléolithique supérieur se caractérise par des routes commerciales étendues. Les communautés humaines, quoique séparées par de grandes distances, ont pu maintenir des interactions entre elles. Le Paléolithique supérieur précoce est surtout connu pour ses modes de vie très mobiles, comme le démontrent les études menées sur les sites habités par les groupes gravettiens, analysés en Italie, en Moravie et en Ukraine. Ces populations s'approvisionnaient souvent à plus de 200 km en matières premières.
A la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 21 000 ans, les densités de population ont dû augmenter considérablement en raison du rétrécissement des périmètres habitables, obligeant les hommes à créer des économies plus « locales ». La diminution des terres a probablement provoqué l’augmentation des distances à parcourir, les refuges habitables étaient alors rares et très éloignés les uns des autres. Bien qu’il soit plus économique d’échanger sur place, tendance confirmée pendant la sédentarisation au Mésolithique, quelques preuves d’existence de routes magdaléniennes longue distance ont traversé le temps. La présence de bijoux conçus à partir de coquillages méditerranéens et atlantiques à l’intérieur des terres, bien au-delà du littoral, amène les archéologues à penser qu’un réseau d’échanges s’était formé sur les territoires français, allemands et suisses le long des fleuves comme le Rhin et le Rhône, il y a environ 12 à 14 000 ans. A côté des pistes terrestres, les voies fluviales et maritimes ont contribué au développement du commerce au Néolithique.
Un ouvrage collectif consacré à cette période de la Préhistoire, « Le Néolithique en Europe », accorde une attention particulière au développement des transports sur le Vieux Continent. Les auteurs mentionnent l’introduction de la roue et du char comme étant à l’origine des changements révolutionnaires dans le domaine des transports. Les plus anciennes roues en bois ont été retrouvées dans les tourbières danoises, au centre de la péninsule, dans les environs de Herning. Elles appartiennent probablement à la culture des gobelets à col en entonnoir (dite aussi
culture des vases à entonnoir) du 4e millénaire avant J.-C. Des découvertes semblables ont été faites aux Pays-Bas et en Allemagne. Si leur datation reste incertaine, il s’agissait d’objets de la fin du Néolithique, vraisemblablement de vestiges de chars à deux roues. Sur un vase mis au jour en Pologne méridionale, figure un décor montrant trois chars au milieu d’éléments aquatiques et végétaux. L’objet est daté entre 3635 et 3370 avant J.-C., ce qui le rendrait plus ancien que les premiers modèles de chars connus au Proche-Orient.
Si les bovidés semblent avoir été la première force motrice utilisée, l’apparition de véhicules coïncide avec les premières traces de routes aménagées. Ainsi, à Flintbek, dans le Nord de l’Allemagne, les archéologues ont découvert une chaussée composée de troncs d’arbres sous un tumulus mégalithique relevant de cette même culture des gobelets à col en entonnoir. Aux Nord-Est des Pays-Bas, près d’Emmen, une voie datée du 3e millénaire avant J.-C., préservée sur près d’un kilomètre, était constituée de 3900 troncs d’arbres de trois espèces : de chênes, d’aulnes et de bouleaux. Cette quantité de matériaux correspond à un déboisement que l’on peut estimer de 40 à 70 ha. Nul doute que la création d’un réseau routier aménagé devait avoir pour conséquence des défrichements plus importants que ceux nécessaires à la construction de villages aux maisons de bois.
Pour aller plus loin :
Le film documentaire de Rob Hope, intitulé « Ridgeway : objectif Stonehenge » qui parcourt un chemin préhistorique, la route de silex, au Sud de la Grande Bretagne, long de plus de 400 km, datant de la période Néolithique ;
Dans le chapitre intitulé « Artisans et voyageurs à l‘époque du bronze » in « La Préhistoire pour les nuls », le chercheur Gilles Gaucher évoque les itinéraires liés à la fabrication et la diffusion de différentes matières et objets. L’auteur y consacre quelques lignes aux routes de l’ambre et aux transports dans l’Ouest de l’Europe ;
« La seconde naissance de l’homme. Le Néolithique » de Jean Guilaine inclut un chapitre sur les navigations maritimes ;
Un article assez ancien sur l’origine préhistorique d’une route romaine, celle de Bavay (Hauts-de-France) de M. Dessailly, « Les chaussées préhistoriques romaines n’ont-elles pas une origine préhistorique ? » in "Bulletin de la Société préhistorique française", année 1921, 18-7, p. 156-162 ;
Enfin, c’est peut-être aussi l’occasion d’évoquer une question sur les ponts préhistoriques déjà traitée par le Guichet du savoir.
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