Question d'origine :
Depuis quand précisément l'Eglise a-t-elle décrété que la femme avait une âme ?
(J'ai posé plusieurs fois la question à des prêtres qui l'ont toujours éludée.)
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/12/2013 à 10h45
Bonjour,
Nous comprenons l’embarras des prêtres lorsque vous leur posez cette question car la réponse prête à polémiques. Force est de constater la virulence des propos tenus sur les sites catholiques dont cathoweb qui indique que de tous les mensonges inventés contre l’Eglise, le plus stupide, le plus absurde, est sans aucun doute celui qui lui attribue la négation de l’existence d’une âme chez la femme.
Cette question n’ayant pas été tranchée, il nous sera difficile de nous prononcer avec certitude. Néanmoins, voici ce que l’on peut retenir :
Lamirande s’intéresse à cette polémique dans l’article De l'âme des femmes. Autour d'un faux anniversaire et note que l’étude attentive des textes conduit à faire justice du pseudo-décret du second concile de Mâcon (585) sur l'existence de l'âme des femmes. La légende est née d'une discussion à portée grammaticale qui se tint à Mâcon entre un évêque et ses pairs: "Peut-on désigner une femme du nom homme (homo)?". C'est la polémique antichrétienne qui, en France, au XIX s., a fait un sort à cette invention. Il faut pourtant reconnaître que l'on a parfois hésité, dans l'Eglise ancienne, à admettre que l'âme de la femme fût image de Dieu de la même façon que l'est l'âme de l'homme.
L’idée que cette discussion découle en fait d’une erreur d’ordre linguistique, soit une mauvaise traduction, semble être retenue par la plupart des chercheurs. Reprenons ce qui est dit dans Catholicisme : hier, aujourd'hui, demain :
Grégoire de Tours rapporte une anecdote à propos du concile tenu à Macon en 585 : « il y eut dans ce synode un évêque qui disait que la femme ne pouvait pas être appelée homo, « homme ». Cependant, entendre raison, en alléguant le passage de l’A.T. qui dit qu’au commencement, quand Dieu créa l’homme, il les créa mâle et femelle et leur donna le nom d’Adam (Gen. V.2), ce qui veut dire homme de terre, appelant ainsi du même nom d’homo la femme et l’homme. D’ailleurs N.S. J.-C. est aussi appelé Fils de l’homme, parce qu’ »il est né de la Ste Vierge qui est une femme » (Hist. Fr., VIII, XX). Ce texte de Grégoire de Tours a donné naissance à une légende, entretenue par la polémique antichrétienne : l’Eglise aurait jadis enseigné que la femme n’a pas d’âme !
On possède les actes du concile de Mâcon. Il s ne contiennent aucune allusion à l’usage du terme homo/ Il est donc probable que l’objection soulevée par l’un des évêques présents le fut « hors programme », dans un de ces moments où les esprits prennent un peu de relâche.
Tout porte d’ailleurs à penser que cette difficulté personnelle n’était pas d’ordre philosophique, mais d’ordre linguistique. Pour désigner une personne du sexe masculin, le latin classique avait utilisé le mot vir ; mais au Vie s., ce terme tombait en désuétude et couramment on le remplaçait par le terme homo. Sans doute était-ce l’usage familier à l’évêque cité : il ne comprenait pas comment on pouvait appeler homo une femme. Ses collègues lui répondirent, non pas en invoquant des arguments de métaphysique, ce n’était pas la question, mais en lui rappelant le vocabulaire de la Ste Ecriture elle-même. Ils auraient pu aussi lui rappeler l’usage du latin classique, dans lequel homo s’appliquait également à toute personne, homme ou femme. Faut-il ajouter qu’aucun texte de concile, quel qu’il soit, n’a jamais mis en doute le fait que la femme possède une âme humaine ?
Donc d’un certain point de vue, l’Eglise n’a pas à se positionner sur ce sujet qui découle d’une « légende ».
Pourquoi alors des débats aussi vifs sur l’âme de la femme ? Ces discussions révèlent en fait un autre problème, celui de la place de la femme dans le catholicisme et au sein de l’Eglise. mais c'est là encore un sujet de controverses et nous vous laissons poursuivre les lectures ; elles vous permettront de vous forger votre propre opinion :
* Mais si, messieurs, les femmes ont une âme par Françoise Verny.
* Les Champions des Femmes: Examen du Discours Sur la Supériorité des Femmes ... par Marc Angenot.
* Vers une religion laïque ? : Le militantisme d'Edgar Monteil en 1884 par Jeanine Bonnefoy.
Plus généralement, sur la femme et l'église :
* Vierges ou mères : quelles femmes veut l'Eglise par Camille de Villeneuve.
* L'Eglise et les femmes par Aubrée Chapy.
Sélection de sites abordant cette thématique :
* catholique.org.
* weblettres.net
* wikipedia et notamment les articles place de la femme dans l'église et Légende concile de Mâcon.
pour finir, vous pourriez interroger Cybercuré.
Nous comprenons l’embarras des prêtres lorsque vous leur posez cette question car la réponse prête à polémiques. Force est de constater la virulence des propos tenus sur les sites catholiques dont cathoweb qui indique que de tous les mensonges inventés contre l’Eglise, le plus stupide, le plus absurde, est sans aucun doute celui qui lui attribue la négation de l’existence d’une âme chez la femme.
Cette question n’ayant pas été tranchée, il nous sera difficile de nous prononcer avec certitude. Néanmoins, voici ce que l’on peut retenir :
Lamirande s’intéresse à cette polémique dans l’article De l'âme des femmes. Autour d'un faux anniversaire et note que l’étude attentive des textes conduit à faire justice du pseudo-décret du second concile de Mâcon (585) sur l'existence de l'âme des femmes. La légende est née d'une discussion à portée grammaticale qui se tint à Mâcon entre un évêque et ses pairs: "Peut-on désigner une femme du nom homme (homo)?". C'est la polémique antichrétienne qui, en France, au XIX s., a fait un sort à cette invention. Il faut pourtant reconnaître que l'on a parfois hésité, dans l'Eglise ancienne, à admettre que l'âme de la femme fût image de Dieu de la même façon que l'est l'âme de l'homme.
L’idée que cette discussion découle en fait d’une erreur d’ordre linguistique, soit une mauvaise traduction, semble être retenue par la plupart des chercheurs. Reprenons ce qui est dit dans Catholicisme : hier, aujourd'hui, demain :
Grégoire de Tours rapporte une anecdote à propos du concile tenu à Macon en 585 : « il y eut dans ce synode un évêque qui disait que la femme ne pouvait pas être appelée homo, « homme ». Cependant, entendre raison, en alléguant le passage de l’A.T. qui dit qu’au commencement, quand Dieu créa l’homme, il les créa mâle et femelle et leur donna le nom d’Adam (Gen. V.2), ce qui veut dire homme de terre, appelant ainsi du même nom d’homo la femme et l’homme. D’ailleurs N.S. J.-C. est aussi appelé Fils de l’homme, parce qu’ »il est né de la Ste Vierge qui est une femme » (Hist. Fr., VIII, XX). Ce texte de Grégoire de Tours a donné naissance à une légende, entretenue par la polémique antichrétienne : l’Eglise aurait jadis enseigné que la femme n’a pas d’âme !
On possède les actes du concile de Mâcon. Il s ne contiennent aucune allusion à l’usage du terme homo/ Il est donc probable que l’objection soulevée par l’un des évêques présents le fut « hors programme », dans un de ces moments où les esprits prennent un peu de relâche.
Tout porte d’ailleurs à penser que cette difficulté personnelle n’était pas d’ordre philosophique, mais d’ordre linguistique. Pour désigner une personne du sexe masculin, le latin classique avait utilisé le mot vir ; mais au Vie s., ce terme tombait en désuétude et couramment on le remplaçait par le terme homo. Sans doute était-ce l’usage familier à l’évêque cité : il ne comprenait pas comment on pouvait appeler homo une femme. Ses collègues lui répondirent, non pas en invoquant des arguments de métaphysique, ce n’était pas la question, mais en lui rappelant le vocabulaire de la Ste Ecriture elle-même. Ils auraient pu aussi lui rappeler l’usage du latin classique, dans lequel homo s’appliquait également à toute personne, homme ou femme. Faut-il ajouter qu’aucun texte de concile, quel qu’il soit, n’a jamais mis en doute le fait que la femme possède une âme humaine ?
Donc d’un certain point de vue, l’Eglise n’a pas à se positionner sur ce sujet qui découle d’une « légende ».
Pourquoi alors des débats aussi vifs sur l’âme de la femme ? Ces discussions révèlent en fait un autre problème, celui de la place de la femme dans le catholicisme et au sein de l’Eglise. mais c'est là encore un sujet de controverses et nous vous laissons poursuivre les lectures ; elles vous permettront de vous forger votre propre opinion :
* Mais si, messieurs, les femmes ont une âme par Françoise Verny.
* Les Champions des Femmes: Examen du Discours Sur la Supériorité des Femmes ... par Marc Angenot.
* Vers une religion laïque ? : Le militantisme d'Edgar Monteil en 1884 par Jeanine Bonnefoy.
Plus généralement, sur la femme et l'église :
* Vierges ou mères : quelles femmes veut l'Eglise par Camille de Villeneuve.
* L'Eglise et les femmes par Aubrée Chapy.
Sélection de sites abordant cette thématique :
* catholique.org.
* weblettres.net
* wikipedia et notamment les articles place de la femme dans l'église et Légende concile de Mâcon.
pour finir, vous pourriez interroger Cybercuré.
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